Le genièvre
L’histoire du genièvre s’imprime en carbone sur celle des ouvriers de notre région. Car c’est bien la révolution industrielle qui a permis l’extension de cette eau-de-vie venue des Pays-Bas qui possède aujourd’hui l’Indication Géographique Protégée¹. Aujourd’hui, le genièvre est un alcool typique des Hauts-de-France, qui se déguste notamment en digestif.
Trois distilleries, une destinée
Actuellement dans notre région, il ne subsiste plus que trois distilleries qui fabriquent du genièvre. L’une dans le Nord à Wambrechies près de Lille (Claeyssens²), et deux dans le Pas-de-Calais : la première au sein de la brasserie Saint-Germain d’Aix-Noulette, près de Lens, qui fabrique le Boutefeu, l’autre à Houlle non loin de Saint-Omer (Persyn), qui possède une gamme impressionnante. Considéré comme l’ancêtre du gin, fabriqué également à base de baies de genièvre, le genièvre appartient à la famille des alcools de grains.
Depuis le dernier quart du 17e siècle, qui a vu la création de la première distillerie à Dunkerque, la recette mêle 70 % de seigle, 20 % d’orge malté et 10 % d’avoine. Les trois céréales sont brassées avant de fermenter en cuve. Elles sont ensuite distillées à deux reprises (trois à pour le genièvre de Houlle) puis mûrissent en fûts de chêne plusieurs mois.
Veillez aux grains
Le genièvre ne s’appellerait pas ainsi sans l’ajout de baies de genévrier. L’infusion intervient toujours au cours de la dernière distillation dans des proportions infimes. Pensez donc, pour aromatiser 5 000 litres d’alcool, il ne faut pas plus de 900 g de cette minuscule boule noire pas plus grande qu’une myrtille ! La récolte des baies a lieu en octobre. Les Hauts-de-France comptent quelques junipéraies dans le Boulonnais ainsi que dans la région d’Amiens. Si les baies de nos genièvres sont majoritairement importées d’Allemagne, le Conservatoire d’Espaces Naturels a récemment permis la récolte des baies locales pour la réalisation du Long Drink Genever de Houlle.
L’eau de vie des ouvriers
Dans l’entre-deux-guerres, les distilleries vivent leur âge d’or. Le genièvre s’impose comme la boisson favorite des ouvriers et des mineurs de fond. Ces derniers la consomment pure ou coupée avec du café. C’est la fameuse « bistouille » parce qu’on touille deux fois : une fois pour le sucre, une fois pour le genièvre.
A l’époque, les deux-tiers de la production française de genièvre jaillissent des alambics de la distillerie Claeyssens. Aujourd’hui, le genièvre est associé à certains produits régionaux comme la gaufre, le saucisson, la confiture ou le chocolat.
Et si vous souhaitez cuisiner un plat à base de genièvre, découvrez sans tarder notre recette facile à réaliser de lapin au genièvre ! Retrouvez également tous les détails sur d’autres boissons incontournables des Hauts-de-France, comme la bière du Nord.
(1) Seuls les genièvres à base de véritable eau-de-vie de céréales ont droit à l’appellation IGP Flandres-Artois. Ce qui n’est pas le cas de tous les genièvres fabriqués en Europe.
(2) En 2016, la distillerie Claeysens a repris la production du fameux genièvre de Loos reconnaissable à son flaconnage carré.