En plus de donner de magnifiques fleurs jaunes, la tagète passion a vraiment le goût du fruit de la passion « mais sans la pointe d’acidité. » Si elle n’avait pas regardé ce documentaire sur un fromager marseillais fan de saveurs atypiques, Muriel Morbelli n’aurait jamais pensé faire un sorbet à base d’œillets d’Inde. Quoique, à bien y réfléchir, on se dit que l’inconnu est loin d’effrayer la spécialiste en génie de l’environnement.

Reconvertie dans la réalisation de glaces bio, Muriel affiche en effet un joli palmarès en matière de duos étonnants. Jugez plutôt : pomme-menthe, ortie, thym-citron... Mais le plus remarquable dans cette histoire, c’est que tout pousse à demeure. Sur une parcelle d’un demi-hectare dont le romantisme aurait inspiré le peintre Caspar David Friedrich. Au domaine de Richecourt situé à une vingtaine de kilomètres de Laon, néfliers, pruniers et cerisiers ne font pas d’ombre au carré de mauve, de mélisse et de camomille. Bien au contraire. De mai à novembre, les récoltes s’échelonnent. Ça commence généralement par les baies de sureau et « ça se termine par les noix, à défaut d’avoir des amandes ! »

Faire le choix du bio, c’est intégrer la notion d’aléas. Climatiques notamment. « L’année passée, les pommes et les fraises n’ont quasiment rien donné. Mais, je me suis rattrapée sur les mûres, sourit Muriel pour qui, finalement, faire le minimum (pas d’intrant ravageur, pas de débauche d’eau, pas de taille abusive) revient à faire le maximum. « Nous vivons dans la nature, pas à côté. » Lorsqu’elle travaillait au sein d’un conservatoire botanique, l’ingénieure agricole faisait déjà de la sensibilisation le cœur de ses interventions car « les enjeux sont immenses, interconnectés. »

Depuis le printemps 2023, Muriel participe à son humble niveau à la défense de dame nature. Dans son laboratoire, elle crée des glaces et des sorbets en totale adéquation avec son éthique de vie. « On est à l’opposé des glaces industrielles qui cherchent la neutralité gustative », soulignet-elle. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, la Doudouce explose en bouche. Un peu comme une bille d’argousier. Un futur parfum ? Allez savoir. Avec Muriel, tout est
possible.

Texte : Joffrey Levalleux

Photo et vidéo : Imagiterre