A un jour près, on aurait pu faire le plein de yaourts au lait de brebis. Aux dires d’Elodie Eeckhout, ils sont irrésistibles. Ils sont surtout bio et du secteur proche « comme tous les produits que vous avez devant vous. C’est une volonté de notre part. Les clients y sont sensibles. » Vérification faite, la Chèvrerie de Terdeghem se tient en effet à un jet de pierre de la boutique.

Tout comme les Infusions Casseline (Cassel), les Miels du Coin perdu (Noordpeene) ou encore la très goûteuse Triple bio de chez Thiriez (Esquelbecq). Elodie aurait pu concentrer son activité commerciale sur ses propres produits. Comme les carottes, oignons, betteraves rouges, tomates, fraises, haricots verts, aubergines, flageolets. La liste est longue comme un sillon. Mais non. La jeune femme part du principe que le bio forme un tout qui se partage. Et dans ce pays réputé pour ses moulins - Steenvoorde, Hondschoote, Cassel, Terdeghem - le défi donne des ailes.

L’histoire de Saveurs de terre n’est pas commune. Ses racines ne sont pas profondes, pas viscéralement ancrées dans une longue lignée familiale comme il est d’usage dans le monde agricole. En revanche, elles puisent leur force dans « de très solides convictions », souligne Frédéric, le mari d’Elodie. Nous sommes en 2016. Ce développeur de logiciels quitte son job pour se consacrer à 200 % au maraîchage d’une ferme bio portée sur les fonts baptismaux quelques années plus tôt. « On est vraiment parti de rien. En 2010, lorsque ma mère achète deux hectares de terre à côté de la maison familiale, on n’avait ni tracteur ni serre.

Encore moins de lieu où stocker. Mais on savait où on allait, se souvient Frédéric. Tout a été fait de manière réfléchie. »En 2018, soit deux ans plus tard, la nature s’émancipe. Sous serres mais aussi à l’air libre, sans trauma. La ferme tourne sous l’œil vigilant de Frédéric qui en assure la planification raisonnée. Ici par exemple, vous ne trouverez pas de forage mais des mares naturelles alimentées par la pluie. Ici pas de grosses machineries. « C’est inutile car les parcelles sont toutes de taille modeste. » En revanche, désherber et récolter à la main est la règle. Ce sera bientôt le cas pour les 500 kilos de pommes de terre nouvelles bio. Le résultat est que les clients prennent conscience que produire sain, c’est manger sain. Et que la santé, c’est réellement l’essentiel.

Texte : Joffrey Levalleux
Photo et vidéo : Imagiterre