Effet bluff
La parcelle des Folies buissonnières ne fait qu’une vingtaine d’ares mais on ne peut pas la louper. C’est ici, sur les hauteurs d’Oulchy-le-Château, entre Soissons et ChâteauThierry, que Sophie Thorel a imaginé son idéal floral. En ce mois de septembre pourtant mi-figue mi-raisin, les célosies crête de coq affichent un mauve provocateur tandis que les bordées de coreopsis illuminent d’un jaune franc ce qui pourrait s’apparenter au Jardin de l’artiste à Giverny de Claude Monet.
La netteté en plus. D’ailleurs, pour Sophie, l’analogie est évidente. « Quand on se fait offrir des fleurs, on leur trouve un endroit de choix pour les exposer. Comme un tableau. » A plus forte raison quand il s’agit de fleurs séchées. Nous y voilà : notre floricultrice fait partie du cercle très fermé des créatrices de fleurs éternelles. Le résultat est si bluffant que certains clients lui demandent en toute bonne foi à quel rythme il faut arroser les acrocliniums. Quand on sait que « les boules de gomphrena sont plus éclatantes sèches qu’à l’état naturel », on se dit que n’importe qui peut tomber dans le panneau.
Le pétale qui cache la fleur
Native de Doullens, capitale du Pays des coquelicots - ça ne s’invente pas – cette fille de fleuriste voue une passion sans borne aux couleurs et aux textures. Les fleurs séchées lui permettent d’allier les deux tout en gardant la main sur la totalité d’un processus (cf encadré).
La fleur séchée est par nature immarcescible. Elle ne fane pas avec le temps. « Vous pouvez la conserver plusieurs années, elle ne perdra rien de son allure. Seul le chlorophyllien pâlit », nous apprend Sophie qui, l’automne avançant, met les bouchées doubles en prévision des fêtes.
« L’année passée, j’ai cueilli quasi jusque fin octobre », à l’aide d’un petit couteau, arc-boutée et souvent à des horaires aussi extensibles que les élastiques qui ficellent ses « bottes » de fleurs. Celles-ci se retrouvent à sécher tête en bas de deux à quatre semaines dans lenoir absolu d’un grenier. Après avoir gravi deux escaliers à la lampe torche, nous en atteignons les soupentes. « Voici ma matière à réflexion, vous avez des pieds d’alouette, des nigelles, des statis, des chardons bleutés aussi. »Dans quelques jours, toute cette flore chamarrée se retrouvera mariée en bouquets, couronnes,voire sous un globe protecteur. A vous maintenant de lui réserver une place de choix.
Texte : Joffrey Levalleux
Photos : Imagiterre



A savoir
Le climat n’étant pas prévisible, mieux vaut prendre ses précautions pour déjouer une mauvaise récolte. Aux aléas climatiques (fortes pluies, grêle tardive) s’ajoute un calendrier très serré. En avril, Sophie plante ses premiers semis sous serre dans des plaques alvéolées.
Le gros du travail a lieu le mois suivant, en pleine terre cette fois. Les premières fleurs sont récoltées en juin, de préférence tôt le matin. En juillet/août, ce sera à la nuit tombée. L’automne est plus tolérant. Le séchage, étape cruciale, a ses astuces. Par exemple, pour absorber l’humidité plus rapidement et éviter que certaines essences (roses, boutons d’or, cosmos) ne s’atrophient ou ne se ternissent, Sophie dépose de la silice dans des petits sachets.
UN CALENDRIER ALÉATOIRE
Folies buissonnières
Lieu-dit Le Grimpet
Hameau des Crouttes
02 210 Oulchy-le-Château
Tél. : 07 84 98 14 55
Entre 15 et 60 € la création
Facebook : Les folies buissonnières