L’élevage a une vue directe sur l’église de Licques, vestige de l’abbaye du 17esiècle dont les moines fondateurs introduisirent, dit-on, les fameuses dindes qui font la réputation de ce joli village. Pas de dindes chez Olivier Delzoide mais des « cous-nus » : des poulets jaunes mais aussi des poulets blancs qui gambadent dans ce cadre idyllique. Ici on est loin de l’élevage industriel : les volailles grandissent au grand air. Ce matin de la fin du mois d’août, les poulets d’à peine trois semaines posent timidement un ergot sur l’herbe tendre. « Ce sont eux qui décident », sourit Olivier Delzoide, en observant les volailles franchir un premier pas hors du poulailler. Pas de précipitation : il leur reste encore dix bonnes semaines pour grandir, profitant d’une alimentation 100 % végétale – maïs, blé – et de larges parcours herbeux. L’abattoir de Licques est situé à seulement 300 mètres… presque une promenade de santé.
Elite à plumes !
« On reçoit les poussins à l’âge d’un jour. Ils restent au chaud les trois premières semaines, entre 25 et 30 °C. Puis, à 42 jours, ils sortent. Label Rouge oblige : deux mètres carrés de prairie par volaille », explique l’éleveur. Chez lui, chaque lot de volailles dispose d’un terrain de près d’un hectare, agrémenté d’arbres. Olivier a fait le choix de l’agroforesterie. « Pour moi, un poulailler n’est pas juste un bâtiment de production. Il doit s’intégrer dans la nature. J’ai planté des chênes, des sapins, des séquoias… Ça apporte du confort aux volailles, de l’ombre, de la tranquillité et ça embellit le paysage. »
Elles valent le Label rouge
Si la volaille de Licques affiche une telle réputation, c’est grâce à une longue histoire collective. La coopérative Licques Volailles a vu le jour en 1980, sous l’impulsion de Julien Saint-Maxent et de plusieurs éleveurs passionnés – dont faisait partie le beaupère d’Olivier. Ensemble, ils ont décroché les précieux labels : dinde fermière (1979), chapon (1985), poulet (1987), poularde (1987). Sans oublier l’IGP (1986), qui scelle le lien unique entre la volaille et son terroir, du Boulonnais jusqu’aux portes de la Somme.
Aujourd’hui, Carine Marchand, la fille de Julien Saint-Maxent, poursuit le développement de Licques Volailles. Une directrice qui ne lésine pas sur l’innovation et l’investissement : nouveaux outils, nouveaux produits, structuration de la filière, pour inciter, également, à installer de nouveaux éleveurs.
Entre héritage et avenir
Ancien négociant en céréales et en matériel pour le bétail, Olivier Delzoide avait choisi de reprendre l’exploitation familiale de son beau-père. En parallèle de ses volailles, il élève 40 vaches Limousines Label Rouge, a planté des asperges, et il a encore bien des projets en tête du haut de ses 58 ans. « On est 80 éleveurs aujourd’hui à maintenir ce savoir-faire, mais il faut des jeunes, de la relève », souligne-t-il. Car la volaille de Licques n’est pas qu’un produit : c’est une tradition, une fierté, une histoire vivante.
Texte : Claire Decraene
Photos et vidéo : Imagiterre/Frédéric Roumegère



Un éventail de volailles
À Licques, les volailles ne sont pas qu’un plat : elles incarnent la fête. Dinde fermière, chapon, poularde, pintade sont élevés spécialement pour les tables de fin d’année. Leur secret ? Le temps : une dinde nécessite 150 jours d’élevage. Elles arrivent sur les marchés début voire mi-décembre… mais attention, il vaut mieux réserver !
LICQUES VOLAILLES
777 Rue de l'Abbé Pruvost, 62850 Licques.
Tél. : 03 21 35 80 03
www.licques-volailles.fr
Boutique en ligne et magasin ouvert
du lundi au vendredi de 8h à 12h et de 14h à 17h. Licques Volailles
Facebook : volailles de licques




