Les végétaux marins

Dans les prés-salés de la baie de Somme, quand la mer se retire, les pêcheurs à pied sortent couteaux et seaux. Leur quête ? Des bouquets de salicornes et d’asters marins qui dépassent çà et là.

Salicornes et asters : la pêche à pied, c’est le pied

La pêche à pied en baie de Somme devrait être discipline olympique, catégorie « survivor. » D’abord il faut enfiler des bottes, marcher des heures dans la vase et se baisser tout le temps pour couper à la serpette des végétaux marins glissants. Ensuite, il faut les déposer dans un seau régulièrement vidé dans un gros sac en toile de jute. Enfin, il faut porter le tout sur les épaules avec la marée qui mord les talons comme un loup affamé ! Mais aux dires des jardiniers de la baie(1), l’expérience vaut tous les sacrifices. D’abord parce que les végétaux marins sont bientôt plus rares que les diamants. Les plus connus d’entre eux, salicorne (ou passe-pierre) et aster marin (ou oreille de cochon) ne poussent quasiment qu’en baie de Somme(2), entre le phare du Hourdel et le Crotoy. Ensuite parce qu’avec ses chevaux Henson qui galopent sous un ciel rougeâtre, le Marquenterre vous rend au centuple les efforts consentis.

Bons pour la santé

Incessamment recouverts par l’eau au rythme des marées, les herbes marines sont naturellement riches en oméga 3, en oligo-éléments et en vitamine A. Avec la salicorne, on a même la garantie d’en avoir pour tout le monde car ce « bâton d’eau » repousse en une semaine. Quant à l’aster marin, il est excellent pour contrôler le diabète et le cholestérol. Deux autres plantes poussent aussi dans les prés-salés : la soude maritime dite « pompon » qui ressemble à un bouquet d’haricots verts, et l’obione surnommée « chips de mer ». Quand on la passe au four à 170°, cette dernière devient  en effet craquante comme les célèbres biscuits apéritif. Un conseil, n’ajoutez pas de sel. Comme tous les végétaux marins, l’obione est naturellement salée !

   

En cuisine

Un carré d’agneau des prés-salés à la crème de salicorne et de pompons frits, des moules de bouchot à la crème d’asters marins. Cuite à la poêle avec une noisette de beurre, la salicorne accompagne à merveille le cabillaud. Crue en salade, elle réveille le maquereau. Et quelques feuilles d’asters marins changent une volaille de Licques en version terre-mer.

(1) On appelle ainsi les pêcheurs à pied. Ils sont regroupés au sein de l’association des Ramasseurs de salicornes de la baie de Somme

(2) 90 % de la production française de végétaux marins est cueillie sur les 70 kilomètres de littoral picard.