La Rouge flamande

La Grande Dépression n’a pas eu raison du moral des troupe(aux) de Rouges flamandes. C’est en effet dans les années 30 qu’une de ces dignes représentantes dépasse la barre des 10 000 litres de lait/an. Tant pis pour la concurrence. Malgré ses qualités laitières indéniables, la Rouge flamande – ou Rouge du Nord – se fait sérieusement écorner après la Seconde Guerre mondiale. Le cheptel se réduit à peau de chagrin au profit de la Prim’Holstein venue des Pays-Bas. Les éleveurs de flamandes voient rouge mais prennent le bovin par les cornes. Claires à pointes noires en l’occurrence. Si bien qu’aujourd’hui, l’une des plus anciennes lignées de France(1) reprend du poil de la bête avec 2500 têtes réparties dans quelque 300 élevages du Nord-Pas-de-Calais, sa terre d’adoption.

Ne vous attendez pas à un rouge Ferrari m’as-tu-vu. Non. La Rouge flamande arbore une robe de soirée couleur acajou version cocktail smart. D’un bon gabarit (700 kilos en moyenne), cette vache rustique adore les prairies humides des Flandres. Hazebrouck, Cassel, Bergues, les monts des Flandres. L’herbe doit y être plus verte qu’ailleurs.

Car non seulement elle en fait une viande de très grande qualité appréciée pour sa tendreté et ses saveurs prononcées(2) mais le nectar qui en découle est, paraît-il, particulièrement riche en protéines et en matières grasses. Grâce à lui, on obtient un beurre jaune typé ainsi que les meilleurs fromages régionaux. Le lait de la Rouge flamande participe en effet à l’élaboration du fromage de Bergues, du Mont des Cats mais aussi du célèbre maroilles.

Vous êtes végétarien et voulez profiter quand même d’une Rouge flamande ? la brasserie Thiriez brasse sa propre cuvée à l’effigie du bovin. Une bière sur lie non filtrée aux notes de malt rôti et caramélisé.