Le miel

L’abeille butine dans un rayon de 5 km. Suivant l’endroit où on place la ruche, le miel produit change du tout au tout. Dans les forêts de Picardie, l’acacia le rendra limpide comme de l’or liquide. Dans les plaines de l’Oise, le colza ou la luzerne lui donneront des reflets argentés. Le châtaignier des Flandres le colore d’ambre profond. Et le sarrasin le fait virer au brun onctueux et rustique. Le miel est le reflet du paysage. Et dans la région, le printemps venu, on n’hésite pas à déplacer les ruches pour offrir aux infatigables butineuses des fleurs de premier choix. Un vrai bouquet de biodiversité dont chaque pot raconte l’histoire.

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Dès le mois de juin, les forêts de Chantilly (1) se couvrent de petites fleurs blanches en ombelles au parfum irrésistible pour les abeilles. Ici, le tilleul est une vraie star régionale. D’ailleurs le dossier du miel de tilleul de Picardie est en cours d’instruction auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) pour obtenir une Indication Géographique Protégée (IGP). D’un jaune ivoire crémeux, le miel de tilleul enrobe le palais de notes fraîches légèrement mentholées. Ses grains fins cajolent les papilles tout en douceur et vous aident à tomber dans les bras de Morphée. Et il faut tout le savoir-faire des apiculteurs attentifs pour protéger les créatrices de ce produit d’exception : aléas climatiques, surmortalité des abeilles et rapines sauvages menacent dangereusement les ruches.

Exquis dès la cuillère, le miel sucre avec classe les yaourts et le bon pain. Glissé dans une marinade, il rend un porc Label Rouge carrément irrésistible. Il déglace à merveille une poêlée de carotte de Tilques. Choisissez-le de caractère, il est divin sur une mimolette extra-vieille. Et nos grands-mères le savaient déjà souverain en grog pour affronter les premiers frimas hivernaux.