Le Rollot
Fierté de l’Oise, le Rollot à la croûte lavée et striée ne rougit que dans le hâloir¹. Ce fromage indépendant au lait cru ne tient pas en boîte.
Royal Picard
Le Maroilles a la notoriété, le Rollot a le sang bleu. Le cousin picard est élevé par les mêmes moines dans la résidence d’été de l’abbaye. Mais son destin bascule au Grand Siècle quand Louis XIV, en visite d’inspection dans la région, s’amourache de ce petit rond à pâte molle et à la croûte orangée. Jackpot pour la famille qui décroche le titre de « Fromager royal », rente et commandes assurées sur plusieurs générations. Mais la Première Guerre sonne le glas de la production jusqu’aux seventies où quelques fermes de l’Oise la relancent avec succès. Car « le bon Rollot est un vainqueur² » !
Un fromage qui a du cœur
Si les amoureux le dégustent la bouche en cœur à la Saint-Valentin, c’est moins pour son odeur opiniâtre que pour sa forme de joli cœur. Pourtant, bébé rollot est né rond, même cylindrique, ce qui est tout de même plus pratique à fabriquer. Alors pourquoi ce virage romantique ? Pour se démarquer de la concurrence qui fait rage dans le pays de Bray à l’époque. Neufchâtel, Cœur d’Adèle, chaque village y va de son petit nom en se copiant joyeusement recette et forme.
Ça roule en cuisine !
Rond, carré ou en cœur, le Rollot trône au naturel sur les plateaux de fromage. Mais sa pâte souple légèrement salée s’encanaille parfaitement chaude en rösti, goyère, tatin, ou même en Rolliflette…
(1) Séchoir où sont placés les fromages à pâte molle après le salage et où l’humidité favorise leur coloration rouge.
(2) Maurice Garet, fondateur de la Société des Rosati Picards, cité par le Comité Rotincia, association historique locale